Pour une gestion démocratique de la crise sanitaire

Pour une gestion démocratique de la crise sanitaire

Nous savons désormais que la crise sanitaire que nous traversons est liée à la destruction de nos écosystèmes. Dans son rapport, l’Ipbes (Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques) dresse le lien entre biodiversité et pandémies. En effet, la perte de la biodiversité a tendance à faire tomber les barrières entre les espèces : les animaux d’élevage deviennent des “ponts épidémiologiques” entre la faune sauvage et l’Homme, ce qui favorise l’émergence de maladies nouvelles. Parmi les facteurs directs de perte de biodiversité, la surexploitation des sols et le réchauffement climatique jouent un rôle central. En 2015, plus de 70% des terres libres de glaces étaient exploitées et le dernier rapport du GIEC prévoit une augmentation de 1,5°C d’ici 2030. Les pandémies risquent de devenir de plus en plus fréquentes, et une gestion similaire à celle de l’épidémie SARS-COV-2 n’est pas souhaitable. Ainsi, il est impossible de dissocier la question sanitaire de l’urgence écologique. C’est aujourd’hui et sans délai qu’il faut impulser une transformation profonde de la production, la détacher de toutes logiques de profit, réinventer notre rapport aux écosystèmes et construire une coopération internationale démocratique pour mener une révolution écologique et sociale. 

Tout au long de la crise sanitaire, nous avons observé une prise en main du débat public par les forces réactionnaires, alimentant les théories complotistes autour du virus ou de la vaccination. Elles plongent le pays dans la défiance vis-à-vis du monde scientifique et nourrissent le scepticisme. La destruction de notre système de santé par les gouvernements libéraux successifs ont aussi considérablement détérioré les liens entre les citoyen·nes et les professionnels de santé.  Plus d’un an et demi après le début de la crise sanitaire, le gouvernement ainsi que les autorités sanitaires compétentes auraient dû remettre en question la politique d’asphyxie budgétaire qui prime depuis les années 1980. A défaut d’avoir sorti le système de santé de sa précarité, le gouvernement a su cristalliser les désespoirs. L’assaut actuel s’inscrit dans une offensive de longue date orchestrée par  les libéraux. Il est le fruit d’une succession de réformes et de décennies d’économies qui ont abouti à la situation dans laquelle nous nous trouvons. Du plan Juppé avec la mise en place de l’ONDAM, jusqu’à la loi HPST, tout à été fait pour transformer notre système de santé en un immense cocon capitaliste. Aujourd’hui, le constat est criant : dégradation des conditions de soin et de travail, surendettement des hôpitaux, suppression de lits, des étudiant·es mal formé·es, un corps soignant à bout de souffle et largement en sous-effectifs. En menant notre système de santé à ses limites, les réformes néo-libérales atteignent également les leurs. 

Pour construire un modèle plus juste, égalitaire et accessible à tou·tes partout sur le territoire, nous avons besoin de devenir une force de proposition face aux forces réactionnaires. Il est nécessaire de passer par une démocratie sanitaire participative, basée sur des conseils locaux de représentants issus de toutes branches de professionnels de santé mais aussi d’ayant droit, c’est-à-dire les patients eux-mêmes. C’est pourquoi nous soutenons l’initiative du collectif “Notre hôpital c’est vous” au Conseil constitutionnel afin d’ouvrir un référendum d’initiative partagée sur la proposition de loi pour « l’accès universel à un service public hospitalier de qualité ».